Le silence, source de jouvence
C’est la nouvelle matière à santé et à bien–être. Art de la pause, méditation, immersion en pleine nature, détox digitale… l’écologie de la sérénité ne coûte rien et peut rapporter gros.
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Des livres, des diners muets, un festival d’un an au Palais de Chaillot, et peut être bientôt une fondation… jamais le silence n’a été aussi branché !
Parce que le retour au calme dans un monde de bruit (brutes ?) relève à la fois d’un désir et d’un besoin, les disciplines du mieux-être misent sur l’extraordinaire ressource offerte par le silence, cet ingrédient d’équilibre, de santé neurologique et même de créativité.
Fuir la saturation sonore pour recharger ses batteries
Premier levier de régénération : le silence extérieur. Pour résister à la tyrannie de la saturation sonore qui règne dans les villes, multipliez les échappées dans la nature ! C’est le message de l’anthropologue et sociologue David Le Breton.
« Parce qu’il est de plus en plus rare, le silence devient une aspiration, une valeur qui ne cesse de s’affirmer. Il permet de retrouver la lenteur, et favorise le recul, la pensée, la réflexion. On se reconnecte à la beauté du monde et on s’y recharge. Cela explique le succès des stages dans les monastères, des initiations au zen dans les montagnes. Chez les frères trappistes, le silence est une communion, une manière d’être intensément présent au monde. (…) Certains expérimentent ce temps du silence plus simplement, en jardinant. Les jardins collectifs, à l’écart des villes, dans des lieux préservés, redeviennent désirables », décrit ce marcheur invétéré.
L’auteur de nombreux ouvrages sur le silence et la marche (éditions Métailié) invite à s’organiser chaque week-end une marche en forêt ou tout autre espace naturel préservé de la folie urbaine : «Une fois ce rituel instauré, l’aura du silence à venir vous inspire dès le lundi et vous donne de l’énergie toute la semaine.»
Instaurer des sas de déconnexion numérique
Cela ne vous a pas échappé : le marché de la Digital Detox est en plein essor. Née aux Etats-Unis en réponse à la pathologie contemporaine dite FOMO, acronyme de « Fear Of Missing Out », cette drôle de cure invite à soigner le rapport compulsif à internet, aux messageries et autres réseaux sociaux.
Se déconnecter du technologique restaure du lien avec nos proches et permet de nous « replugger »(rebrancher) avec notre intériorité.
Comme pour la detox alimentaire, il est possible de s’organiser et de faire sa cure en autodidacte : instaurer une coupure des écrans après une certaine heure dans la soirée, et pourquoi pas le dimanche en temps normal ; et plusieurs jours d’affilée pendant les vacances. Une hygiène de vie salutaire à l’heure du tous connectés.
Mettre à distance le bruit intérieur pour un repos salvateur
S’isoler du bruit et se mettre en retrait ne suffit pas toujours à recharger ses batteries. Une fois le bruit extérieur et la pression de la sur connexion jugulés, reste encore le bruit intérieur, celui de nos pensées. C’est tout l’enjeu des techniques méditatives.
Pour Marc de Smedt, éditeur et journaliste français, spécialiste des techniques de méditation et des sagesses du monde, celles-ci relèvent bien sûr d’une forme de paix profonde, mais pas seulement. « Il existe un métabolisme du silence intérieur, qui fait fonctionner nos propres fabriques d’endorphines naturelles. Le repos organique qu’il procure est plus profond que celui atteint pendant le sommeil. La respiration associée consomme moins d’air tout en procurant une oxygénation accrue des poumons. Et le corps produit moins de déchets ! D’où l’urgence de cultiver cet état de corps » pointe l’écrivain.
S'initier à la méditation pour une meilleure santé
À une époque qui génère de plus en plus de déséquilibres psychosomatiques, la méditation agit sur le système hormonal, vasculaire et musculaire, augmente l’immunité, régule la sensibilité à la douleur, apaise la peur, l’anxiété et le stress.
Côté activité cérébrale, elle équilibre les degrés d’excitation des deux hémisphères. Ce point d’équilibre des intelligences et des sens facilite l’harmonie entre corps et esprit. Il plonge l’être dans un état d’expérience élevé qui favorise l’intégration psycho thérapeutique.
Un outil simple d’accès et redoutablement efficace ? La respiration consciente. En lieu et place des somnifères et des anxiolytiques, elle est, pour Marc de Smedt, l’une des techniques les plus puissantes du silence développée par l’Orient.
« Se centrer sur le va-et-vient respiratoire met à distance le bruit intérieur, nous reconnecte au réel, nous révèle que la beauté est partout, même quand on marche dans la rue. »