Êtes-vous bien entourés?
« Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. », disait un proverbe africain.
Comme j'ai mis du temps à l'intégrer, malgré que je l'aie compris depuis belle lurette. Car il y a bel et bien une différence entre comprendre intellectuellement un concept et l'intégrer, se l'approprier. Je dis souvent que la tête comprend souvent des choses que le cœur n'est pas prêt à ressentir.
J'ai longtemps voulu « prouver » quelque chose. À qui? À moi, sans doute. Me prouver que j'étais capable d'aller plus vite, plus haut, plus loin et ce, seule. L'orgueil et la fierté : deux sentiments très proches, tout compte fait.
Puis, j'ai commencé à ressentir de la joie lorsque quelqu'un me tendait la main, que ce soit au plan personnel ou professionnel. J'ai commencé à découvrir la solidarité.
L'autre jour, je parlais à une amie d'enfance, lui disant que je me sentais vulnérable en ce moment, que je sentais que j'avais besoin des autres et que cela me faisait peur. Je lui nommais que je ne voulais pas dépendre des autres, que je voulais être autonome, ne compter que sur moi, et moi seule.
Cette amie, à mille lieux de ma réalité d'intervention, m'a pourtant dit les paroles les plus vraies que j'avais entendues depuis longtemps : « On a tous besoin des autres. C'est ça, la vie. Il n'y a rien de mal à ça, au contraire! C'est une force de savoir s'appuyer sur les autres, de leur faire confiance, de leur transmettre une part de notre vulnérabilité, en sachant qu'ils en feront quelque chose de bien ».
Peut-être étonnamment, moi qui aborde la vulnérabilité sous toutes ses coutures dans mes propos et écrits, j'ai souvent la crainte d'être un fardeau pour mes proches quand je ne me sens pas à mon meilleur. Sans doute les préjugés positifs qu'on entretient envers les intervenants y sont pour quelque chose. Sans doute des blessures plus profondes, qui remontent à loin, y ont également quelque chose à voir.
J'ai du mal à exposer ma vulnérabilité aux autres, par peur qu'ils en tirent profit, sans doute. Je tends à oublier qu'une relation, qu'on le veuille ou non, ce n'est jamais égalitaire. Il y a sans cesse un déséquilibre : à un moment, une des deux personnes prend davantage soin de l'autre puis plus tard, c'est l'inverse qui se produit.
Le statut quo est donc impossible. Si toute relation était linéaire, dès qu'il y aurait des bourrasques, elle se briserait. Le déséquilibre est donc nécessaire pour faire face à cette mouvance. Le déséquilibre permet l'équilibre, en fait. Salomé Leclerc dirait : « J'te montrerai comment on garde l'équilibre en se balançant ».
Et un couple de personnes âgées, ensemble depuis 60 ans a tenté d'expliqué la durabilité de leur relation : "We were never out of love at the same time". (traduction libre : « Jamais nous avons été en manque d'amour envers l'autre au même moment »).
Mais pour qu'une relation soit vraie, sincère, chacun des parties doit être tout aussi vrai et sincère. « Une relation authentique n'est possible que lorsque deux authenticités se rencontrent », disait Carl Rogers, psychologue humaniste. Ceci implique donc de se montrer tel que l'on est, avec notre vulnérabilité que l'on méprend souvent pour nos faiblesse à autrui. L'ouverture engendre l'ouverture. Nécessairement, on ne s'ouvre pas également à tous : il importe de choisir avec soin les personnes qui formeront notre entourage, notre réseau de soutien, de partage - des bons comme des moins bons moments.
Et ces personnes, on les choisit principalement en raison de comment ils nous font nous sentir (bien et soi-même) et en raison de ce qu'on admire chez eux. C'est donnant-donnant, même si ce n'est pas toujours égalitaire, équivalent. On a chacun notre manière de donner et de recevoir, tout comme on aime chacun à notre façon.
Tant qu'on accepte l'autre, tant qu'on s'accepte soi, la relation à l'autre est positive, agréable, riche.
Et vous, êtes-vous bien entourés?