L'acupuncture...
L'acupuncture est l'une des cinq branches de la Médecine traditionnelle chinoise (MTC), avec la diététique chinoise, la pharmacopée chinoise (herbes médicinales), le massage Tui Na et les exercices énergétiques (Qi Gong et Tai-chi). Fondée sur une approche énergétique et holistique, l’acupuncture agit sur le Qi (prononcé tchi) qui circule dans le corps par la voie des méridiens. Des aiguilles insérées à la surface de la peau permettent de stimuler des points d’acupuncture spécifiques situés le long des méridiens, de régulariser le Qi et d’avoir une action sur les fonctions physiologiques et organiques correspondantes. Il existe une cartographie détaillée des points d’acupuncture, des méridiens et de leurs liens avec les organes et les fonctions du corps.
Selon la MTC, l’acupuncture, en activant les mécanismes de régulation de l’organisme, permet d’optimiser les processus de prise en charge et d’autoguérison. Elle peut donc avoir une importante fonction de prévention. L’acupuncture permet aussi de traiter, souvent en complémentarité avec d’autres pratiques, une variété de « déséquilibres » liés, entre autres, aux systèmes musculosquelettique (arthrite, tendinite, bursite), respiratoire (bronchite, asthme), gastro-intestinal (calculs, diarrhée), nerveux (dépression, stress), etc. Elle contribue aussi à améliorer divers maux courants (mal de tête, rhume, nausées), mais elle ne saurait traiter un organisme trop affaibli, guérir certaines maladies graves ou pallier des déficiences génétiques.
L’acupuncture pourrait également jouer un rôle important dans la prévention des maladies. En réharmonisant les flots énergétiques, elle agirait sur l’ensemble des systèmes de l’organisme avant que la maladie s’installe.
Si vous n’êtes pas familiarisé avec les concepts énergétiques chinois, consultez notre fiche sur la Médecine traditionnelle chinoise qui vous donnera un bon aperçu des principes fondamentaux sur lesquels se basent l’acupuncture et la MTC.
La première consultation
À la première visite chez l'acupuncteur, ne vous attendez pas à le voir apparaître, aiguilles en mains avec un petit sourire en coin... L’acupuncture est une discipline hautement élaborée et méthodique, basée sur des milliers d’années de pratique. En premier lieu, le thérapeute évalue l’état de santé de la personne et identifie ses déséquilibres énergétiques. Pour ce faire, il procède par observations, questionnements et palpations. Il se peut qu’il vous interroge même sur la saison ou la couleur que vous préférez - des indices supplémentaires pour corroborer son évaluation. Il prend note de vos antécédents médicaux et de vos caractéristiques (taille, poids, teint, rythme de la respiration, son de la voix, mouvements, état émotif, etc.). Il examine le pouls et la langue, écoute les bruits de l’estomac, relève les odeurs corporelles et ausculte les endroits douloureux situés le long des méridiens.
Du picotement à la relaxation profonde
En général, l'effet d’un traitement d’acupuncture est relaxant. Même si les aiguilles sont, à première vue, peu invitantes, elles font rarement mal. Elles sont à peine trois fois plus grosses qu’un cheveu et ont été conçues pour s’insérer dans la peau sans résistance. Habituellement, l’acupuncteur utilise de 1 à 15 aiguilles, qu’il garde sur différents points pendant 15 à 40 minutes, selon le problème à traiter. On compare la sensation à une piqûre de moustique, mais il arrive qu'elle soit plus prononcée, allant du picotement léger à l’engourdissement, voire à une décharge électrique. Pourtant, certaines personnes s’endorment durant la séance! Quel que soit l’effet ressenti, rappelez-vous que celui-ci résulte de l’activation du Qi, essentielle à la guérison.
Acupuncture Démo
Démonstration par par Gilles Poulin, acupuncteur
Membre de l’Ordre des acupuncteurs du Québec (02:24)
Il n’y a pas que les aiguilles!
Pour accroître les effets du traitement, les acupuncteurs peuvent recourir à des procédés de stimulation complémentaires. Pour plus de détails, voir notre section Médecine chinoise 101.
- La moxibustion consiste à appliquer, sur les aiguilles ou au-dessus des points d’acupuncture, de la chaleur dégagée par la combustion d’un cône ou d’un bâtonnet de moxa (d’armoise), une herbe séchée.
- Les Ba Guan Zi sont des ventouses que l’on fixe sur un point ou que l’on fait glisser le long d'un méridien.
- Le Pi Fu Zhen, nommé aussi fleur de prunier, ressemble à un petit marteau doté d’aiguilles avec lequel on frappe légèrement la surface de la peau.
Il existe différentes écoles de pensée en acupuncture. Les Coréens, par exemple, insèrent les aiguilles uniquement aux mains et aux pieds tandis que d’autres acupuncteurs les implantent seulement dans les oreilles, particulièrement lorsqu’il s’agit de traiter des troubles de dépendance. Au Japon, l’approche traditionnelle consiste à stimuler les points énergétiques davantage par le toucher (acupression) plutôt qu’avec les aiguilles.
Des techniques modernes
Si la vue d’une aiguille vous donne le vertige, l’électropuncture (qui se sert de plaquettes conductrices et de courants électriques d’intensité variable) et l’acupuncture au laser (qui utilise de légers rayons laser dirigés avec précision) peuvent être des solutions de rechange intéressantes. Ces techniques sont particulièrement utilisées auprès des personnes dont le traitement exige une stimulation prolongée et auprès des enfants. Mentionnons que les tenants de l'électropuncture ont souvent une vision plus occidentale de l’anatomie, basée sur la stimulation de 80 points au lieu des 365 traditionnellement reconnus par la MTC.
Un long parcours vers l’Occident
Ce sont les Jésuites qui, les premiers, ont ramené de Chine des écrits sur l'acupuncture à la fin du XVIIe siècle. Au début du XIXe siècle, en France, de grands noms de la médecine s'y intéressèrent. C’est toutefois sous l'impulsion de Georges Soulié de Morant (1878-1955), consul de France à Pékin pendant plus de 12 ans, que l'acupuncture prit un essor considérable en Europe à partir des années 1920.
Au Québec, l’acupuncture a graduellement été introduite par l'intermédiaire de praticiens européens tandis qu’aux États-Unis ce n’est qu’en 1972 que l'approche a retenu l’attention du public à la suite du voyage historique du président Nixon en Chine. En 1997, l’acupuncture a été officiellement reconnue comme une option thérapeutique par les National Institutes of Health1,2 américains pour son innocuité et son efficacité à traiter une diversité d’affections.
Au Québec, la légalisation de la profession est en vigueur depuis 1985.