Histoire de la Région de St Jean de Luz
Situation géographique | ||||||
À partir de Biarritz, la côte basque présente un relief déchiqueté de falaises se jetant dans l'océan. Si ces paysages se
révèlent magnifiques à contempler, ils recèlent peu d'abris pour la navigation.
La très belle baie de Saint-Jean-de-Luz est un refuge naturel efficace, qui plus est assez vaste pour les plus grands navires. Etant également sur l'axe qui mène à l'Espagne toute proche, la ville a un rôle stratégique de première importance. La pêche devient très vite son activité principale. Pour compléter ce panorama géographique, la Nivelle descend des Pyrénées pour se jeter dans la baie (avec une embouchure qui était très marécageuse avant les travaux d'assainissement entrepris au cours des siècles). |
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Jusqu'au Ve siècle | ||||
Quelques rares vestiges suggèrent que le site fut occupé dès la préhistoire, au moins depuis le paléothique (-10000 ans avant
J.C.). Ensuite, les habitants furent soumis à la loi romaine à partir du premier siècle avant notre ère (invasion romaine en 58 avant J.C.). Les nouveaux maîtres du pays organisèrent alors la région en neuf provinces (la Novempopulanie). Après une longue période assez tranquille, les romains furent chassés d'Aquitaine par les Wisigoths au début du Ve siècle (vers l'an 410). |
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600 après J.C. > 1000 après J.C. | ||||||
Quelques années plus tard, vers l'an 600, les Vascons (un peuple résidant depuis longtemps dans les Pyrénées),
repoussèrent les barbares Wisigoths. Les Vascons étaient proches géographiquement (et sûrement culturellement), et il semblerait que leur venue ne fut pas considérée comme hostile par les
habitants d'Aquitaine.
Mais, comme le dit le proverbe bien connu, "un barbare chasse l'autre", et en 860 ce furent les Normands qui s'invitèrent en Aquitaine. Leur séjour fut relativement bref. Quelques années après, en 884, Pépin Ier (alors roi d'Aquitaine) met fin à l'invasion et fonde le dûché de Gascogne dont fait partie Saint-Jean-de-Luz. Dans le même temps, l'Espagne voit naître le royaume de Navarre. |
XIe siècle > XIIIe siècle | ||
Au début du XIe siècle, vers 1020, la région autour de Saint-Jean est cédée au roi de Navarre. Celui-ci en fait un vicomté,
le Labour (une des trois provinces basques du côté français), qui sera ensuite donné à Bayonne au XIIe siècle.
Et c'est dans les archives de Bayonne que l'on va trouver les premières mentions écrites de la paroisse de "Sanctus Johannes de Luis", premier nom officiel de la ville.
En 1152, par le jeu des mariages, l'Aquitaine devient anglaise et possession du fameux Richard Coeur de Lion.
C'est Jean Sans Terre qui lui succèdera, avec un règne marqué par une invasion espagnole (menée par Don Alonso de Castille). Cette incursion hostile, somme toute mineure, fut vite
stoppée. Mais, et comme très souvent par la suite, Saint-Jean-de-Luz fut traversée par les troupes des belligérants et subit quelques dégâts. |
XIVe siècle | ||||||
Les français et les espagnols, souvent associés à cette époque, firent plusieurs tentatives pour prendre l'Aquitaine aux anglais. Ce fut notamment le cas en 1377 et en 1419, lorsque les castillans envahirent le Labourd. Mais ces deux incursions furent stoppées par les murs de Bayonne.
Malheureusement, Saint-Jean-de-Luz fut durement pillée à chaque passage de ces armées, et son église sera brûlée. |
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XVe siècle | |||
En 1453, la bataille de Castillon mit un terme définitif à la guerre de 100 ans et à la présence anglaise en Aquitaine.
La province du Labourd est alors rattachée à la France, avec Bayonne pour capitale. Les années suivantes ne virent pas de conflit majeur, et la ville de Saint-Jean-du-Luz profita de cette accalmie pour se reconstruire. Citons en 1463 une rencontre entre Louis XI et le roi de Castille au château d'Urtubie (à 3 km du centre de la ville), à propos de la guerre civile en Navarre. A cette occasion, le souverain français, sensible aux dégâts subis par la ville, accorda quelques privilèges sous forme d'exemption de taxes.
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XVIe siècle | |||
Les débuts de ce XVIe siècle sont assez mouvementés. Dès 1512, les castillans, alliés aux anglais, règlent leurs comptes avec
le royaume de Navarre (alors allié aux français). Pour faire bonne mesure, ils envahissent aussi le Labourd en passant par Saint-Jean-de-Luz, mais sont (encore une fois...) arrêtés à
Bayonne. Le conflit s'achèvera l'année suivante par un traité signé au château d'Urtubie.
Mais ne nous inquiétons pas trop pour le malheureux monarque. Après de longues tractations, il fut convenu que le prix de sa
libération serait d'un million deux cent milles écus, complétés par la province de Bourgogne. Pour garantir le versement de cette rançon assez faramineuse (imaginez qu'une trentaine de
chariots furent nécessaires pour le transport !), le roi fut échangé avec ses deux fils sur la Bidassoa, une petite île à la frontière de l'Espagne et de la
France. |
XVIIe siècle : sous Henri IV | |||
Depuis la paix de 1559, la région est beaucoup plus calme et Saint-Jean-de-Luz en profite. |
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XVIIe siècle : sous Louis XIII | ||||||
En 1610, c'est l'assassinat d'Henri IV par Ravaillac. Les rênes du pouvoir passent alors à son épouse, Marie de Médicis, car leur
fils (le futur Louis XIII) n'avait que neuf ans. Elle décide alors de renforcer les relations avec l'Espagne et de consolider la paix en organisant un double mariage avec la royauté
d'Espagne. Sa fille épousera l'infant d'Espagne tandis qu'Anne d'Autriche (soeur de l'infant d'Espagne) épousera le jeune Louis XIII. L'échange des futurs mariés eut lieu à nouveau sur la Bidassoa. Le passage des futurs monarques en route vers Bordeaux pour la cérémonie du mariage fut le prétexte à de grandes festivités à Saint-Jean-de-Luz.
En 1621, le fort de Socoa est construit à Ciboure pour protéger la baie. A son pied, un nouveau port qui supplée celui de Saint-Jean-de-Luz, situé plus loin, à l'embouchure de la Nivelle.
Entre 1618 et 1648, un nouveau conflit embrase l'Europe. C'est la guerre de Trente Ans, avec l'Autriche alliée à l'Espagne
contre la Suède alliée à la France. |
XVIIe siècle : le traité des Pyrénées | |||
Pendant ce conflit, l'Espagne envahit en 1636 le Labourd. La ville de Saint-Jean-de-Luz subit cette occupation pendant une
année, avec de nombreux dégâts à la clé.
Un des termes du traité marqua pour longtemps la ville de Saint-Jean-de-Luz, et reste aujourd'hui considéré comme un des points culminants de son histoire. Il s'agissait de la décision de marrier l'infante d'Espagne à Louis XIV. |
XVIIe siècle : Le mariage de Louis XIV | ||||||||
Que ce soit par affection pour le souverain ou pour oublier les sombres années qu'ils vécurent, les luziens fêtèrent l'événement
avec faste et enthousiasme. Le roi Louis XIV arriva dans la ville le 8 mai 1660, et séjourna dans la maison d'un riche armateur, la Lohobiaguenea (aujourd'hui connue sous le nom de "maison Louis XIV"). Les espagnols arrivèrent légèrement en retard au rendez-vous, un petit mois après la date prévue... Mais ce délai ne fut pas perdu pour tout le monde, car la ville bénéficia ainsi de quatre semaines de festivités ininterrompues ! L'Infante arriva enfin et fut hébergée dans la maison Joanoenea, aujourd'hui "Maison de l'Infante".
Les deux futurs mariés n'avaient pas le droit de se rencontrer avant la cérémonie, qui se déroula à l'église Saint-Jean Baptiste le 9 juin 1660. Inutile de dire que les places étaient chères, la foule considérable dépassant largement les capacités d'accueil de l'église.
Après trois nouvelles journées de liesse, les souverains prirent la route de Paris (non sans un passage remarqué par Bayonne). La fin du siècle sera assez paisible, marquée seulement par une tempête qui endommagea quelques habitations et inquiéta les luziens. Ce n'était pourtant qu'un avertissement des catastrophes autrement plus dramatiques qui allaient s'abattre sur la ville. |
XVIIIe siècle : les guerres en Europe | |||
Louis XIV meurt le 1er septembre 1715. Ce sera Louis XV qui lui succèdera. |
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XVIIIe siècle : Saint-Jean-de-Luz, cité corsaire | |||||||||||||
Depuis le XVIe siècle, les rois permettaient, sous certaines conditions, aux armateurs d'armer leurs navires en vue d'intercepter
les bâtiments ennemis. Ces autorisations étaient délivrées pour des périodes limitées.
A Saint-Jean-de-Luz, c'était souvent les thonniers ou les baleiniers qui étaient ainsi équipés (certains avec 30 canons !). L'efficacité des marins luziens contribua beaucoup à la renommée de la ville, et les navires capturés étaient parfois en tel nombre qu'ils occupaient une bonne part de la baie...
Les plus intrépides de ces corsaires étaient tenus en haute estime, et, aujourd'hui encore, un certain nombre de rues portent leurs noms.
Les corsaires de Saint-Jean-de-Luz existèrent pendant plus de trois cent ans, mais c'est au XVIIIe siècle qu'ils furent le plus actifs et leurs prises les plus impressionantes. |
XVIIIe siècle : les grandes tempêtes | |||||
Saint-Jean-de-Luz a beaucoup souffert pendant ces conflits. Nombres de marins étaient embarqués sur des navires de guerre ou de
corsaire et ne revinrent jamais au port. Mais ce n'était pas tout. A la folie humaine s'ajoutera les colères de l'océan. Les avancées rocheuses qui protégeaient la baie étaient victimes de l'érosion. Peu à peu, les vagues s'engouffraient plus violemment, creusant un peu plus le fond de la baie. Les plages diminuaient et les vagues étaient toujours plus proches des habitations. Un cercle vicieux était alors enclenché. Conscient du fait, les luziens bâtirent une première digue en 1707. Mais si elle résista à la tempête de 1748, elle sera emportée l'année suivante. Près de deux cent maisons sont alors endommagées ou détruites. On construit alors une nouvelle digue. Elle résiste plus ou moins à une nouvelle tempête en 1779, mais n'empêche pas complètement de nouvelles destruction. Et elle est balayée par la tempête-ouragan de 1789. Un quartier entier, dit de la Barre, disparaît ! C'est près d'un quart de la ville qui est amputé. Parmi les bâtiments détruits, le couvent des Ursulines, dont les fondations sont aujourd'hui au milieu de la baie...
Heureusement, grâce en partie à l'aide financière de Louis XVI, de grands travaux initiés par Vauban sont entrepris : digue de 160 mètres entre Socoa et Sainte Barbe (terminée en 1788), mur de protection sur la plage (1836). Dans l'ensemble, ce siècle fut très dur pour la ville, qui y laissa beaucoup de ses forces vives. Entre guerres, courses de corsaires et tempêtes, la population passa de près de dix mille habitants en 1720 à moins de trois mille en 1770 ! Les activités de pêches furent également très diminuées. Les marins manquaient, et de plus, les baleines étaient de plus en plus rares. La dernière fut chassée au milieu de ce siècle. |
XVIIIe siècle : de la Révolution à Napoléon Bonaparte |
En 1789, c'est la prise de la Bastille et la Révolution Française. En 1792, guerre entre la France et l'Espagne, mais, pour une fois, la ville ne sera que peu affectée. En 1793, les deux communes de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure fusionnent sous le nom poétique de Chauvin-Dragon. La même année, Louis XVI est raccourci d'une tête. La guillotine sera d'ailleurs installée dans la ville, et le sinistre instrument verra sa lame descendre une dizaine de fois. Les années suivantes ne sont que confusion, entre la Terreur et les guerres contre l'Espagne et contre l'Autriche. A noter, un petit général Corse qui accumule les victoires, avant de se rendre à Paris pour le coup d'état de mars 1799, dit du 18 brumaire. En 1800, fin du mariage un peu forcé entre Ciboure et Saint Jean, les deux communes reprenant leur indépendance et leur nom originel. |
XIXe siècle : Wellington et Napoléon | |||
La guerre contre l'Espagne continue en ce début de XIXe siècle, et de nombreuses troupes passent par Saint-Jean-de-Luz. |
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