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Publié par Maitre ZEN

Si l'oisiveté est considérée dans notre culture comme la "mère de tous les vices", elle s'apparente en Chine à une certaine sagesse. Dans son livre Pourquoi les Chinois ont-ils le temps ?, la philosophe de formation Christine Cayol nous explique ce que nous aurions à gagner à nous imposer une véritable discipline du temps libre.

Par Christine Cayol

Les vertus de l'oisiveté

Une discipline de l'oisiveté

« Mon général, est-ce que vous savez ne rien faire ? » demande André Malraux à Charles de Gaulle. « Demandez au chat ! Nous faisons des réussites et des promenades ensemble. Il n’est facile à personne de s’imposer une discipline d’oisiveté, mais c’est indispensable. La vie n’est pas le travail : travailler sans cesse rend fou. Et vouloir le faire est mauvais signe : ceux de vos collaborateurs qui ne pouvaient se séparer du travail n’étaient aucunement les meilleurs. » (in Les chênes qu’on abat..., André Malraux, Gallimard, 1971)

Et si l’oisiveté s’apparentait à une discipline ? Et si à l’heure numérique, où chaque instant sollicite une action ou une participation active de notre part, l’exigence vis-à-vis de nous-mêmes consistait à savoir ne rien faire ? Prendre un moment pour jouer avec le chat, se promener en forêt, regarder les étoiles. Faire des choses sans but, sans résultat. 

 

Apologie du temps libre

Il peut paraître étonnant d’attribuer cette discipline de l’oisiveté à celui qui a témoigné d’un tel génie de l’action et de la persévérance : impossible de le taxer de paresse, inconvenant de lui prêter une certaine légèreté épicurienne. Et pourtant. Cette aptitude qu’il a su préserver tout au long de sa vie et ce goût du « passe-temps » – qu’il s’agisse d’un jeu de cartes ou d’une promenade avec sa fille vulnérable et bien-aimée – sont sans doute l’une des colonnes vertébrales qui soutenaient le colosse. Car si « écrire permet d’oublier la meute », ne rien faire d’autre que de jouir d’un temps libre permet de se préserver de l’urgence et de l’aveuglement qu’elle engendre.

L’oisiveté s’apparente à une discrète sagesse. Elle donne aux gestes et aux pensées un rythme naturel, ni trop rapide, ni trop lent. Elle signe une disponibilité face aux événements et une aptitude à ne pas vouloir tout contrôler. S’autoriser une promenade régulière ou une sieste revient ainsi à permettre que le monde tourne sans notre constante participation. Il s’agit au fond d’une attitude humble et joyeuse. Car le poids de l’action, s’il est constant, ressemble au rocher de Sisyphe : il condamne à la répétition, empêche d’y voir clair. Les hyperactifs, qui eux-mêmes se plaignent que leurs enfants sont inaptes à l’ennui, au silence, à la contemplation, ne savent pas à quel point de Gaulle avait raison : il est indispensable de s’imposer une discipline d’oisiveté, surtout lorsque l’on est soi-même dopé par l’inquiétude ou l’excitation qu’engendre l’action. 

Se trouver couché dans un bateau qu’on laisse dériver au gré de l’eau, « au bord d’une belle rivière ou d’un ruisseau murmurant sur le gravier », rend possible un « état où l’âme trouve une assiette assez solide pour s’y reposer tout entière et rassembler là tout son être sans avoir besoin de rappeler le passé ni d’enjamber sur l’avenir » (Jean-Jacques Rousseau, Cinquième promenade des Rêveries du promeneur solitaire). Ce sentiment de l’existence enfin libérée des choses à faire, à dire, à penser, permet de renouer avec un bonheur inespéré, libre. (...)

Laisser reposer la pâte de nos vies afin qu’elle gagne en épaisseur, en densité, pourquoi est-ce si difficile ? Où le trouverai-je, ce temps libre et léger ? Chez lui, dans le temps lui-même. Ce sont des habitudes à prendre plus que des révélations à espérer. 

 

Prendre l'habitude de l'oisiveté

Le mot « habitude » en français est condamné à voir peser sur lui un lourd soupçon : il renvoie à la répétition, à l’absence de liberté et à l’inévitable lassitude. Et pourtant, c’est l’habitude, temps régulier et répété, qui permet de conserver la mémoire des instants oisifs et leur bénéfice pour le corps/esprit. Car si « nous sommes ce que nous répétons sans cesse » (Aristote, Éthique à Nicomaque, livre II), il nous faut nous exercer à l’oisiveté, inscrire dans nos programmations mentales et physiques des moments réguliers où le temps ne compte pas. Cette discipline n’est pas plus une paresse qu’une langueur imposée, mais une vertu au sens aristotélicien. Car chez Aristote, la vertu résulte en partie de l’habitude, d’un temps repris et inscrit qui forme en chacun un certain nombre de dispositions acquises. Et elle se situe comme un juste équilibre entre deux extrêmes. Or, entre activisme et paresse, la vertu d’oisiveté propose un juste milieu qui renforce notre humanité. Vouloir sans cesse agir, courir, manifeste un signe de dépendance extrême et donc un dérèglement. Toute activité, si noble ou si passionnante qu’elle puisse paraître, peut devenir une drogue. De même, cette pesante fatigue qui reporte à demain, toujours demain, les efforts à faire, est le symptôme d’une difficulté à vivre. Ces deux excès fragilisent, ils abêtissent ou ils mécanisent. Ils ne produisent pas cette force de cœur, d’intelligence des situations et d’amitié propre à l’humain. 

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