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Publié par Maître ZEN

Il y a ce que nous projetons sur eux, tous nos préjugés. Et puis ce qu’ils nous apprennent, dans la vie quotidienne. Nos animaux sont des professeurs de sagesse. Trois artistes nous parlent de ce qu’ils doivent à leurs compagnons de route.

 

Anne-Laure Gannac.

 

Cali et son chat, Adamo-Bénabar

Cali, auteur, compositeur et interprète

 

 

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« Ce que j’aime chez le chat, c’est le non-sourire, cette absence d’expressivité de l’affection qui, pourtant, n’empêche pas l’attachement et la tendresse. Il lui suffit de venir se poser sur mes genoux pour me faire comprendre qu’il est bien avec moi, que notre relation lui convient et que je m’occupe bien de lui, de “nous”. En cela, il est, selon moi, un maître de l’amitié, la vraie, profonde et solide. Pas de ces amitiés qui se manifestent bruyamment : on se voit et aussitôt on s’embrasse, on s’adore !

Non, avec le chat, il faut savoir prendre le temps de s’apprivoiser l’un l’autre. Alors seulement, on peut envisager de se côtoyer durablement. Ce chat m’a fait comprendre cela dès le début : à côté de ma maison familiale, je partage avec mon meilleur ami et manager une maison qui est notre lieu de travail. Toute la portée dont était issu ce chat venait nous voir pour se nourrir, mais après nous avoir longtemps tourné autour, après avoir appris à nous connaître, lui seul a décidé de rester. Comme s’il avait fini par estimer que l’amitié qu’il voyait entre Bruno et moi était ce qu’il cherchait, et qu’il voulait faire partie de la bande. Il a trouvé sa place parmi nous.

“L’idée du calme est dans le chat assis”, disait Jules Renard. C’est tout à fait cela. Dès que je me retrouve dans cette maison au pied de la montagne du Canigou, que je m’assois dans mon fauteuil et que le chat vient, je connais le calme. Je me sens en terrain... ami. C’est pour cela, aussi, que je lui ai donné ce nom, en référence à deux êtres fins et délicats qui m’inspirent l’amitié. »

 

 


Agnès Letestu et son chien Kim

 

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Agnès Letestu, danseuse étoile et son terrier du tibet, Kim


« Je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur mon sort, au contraire. Combative par nature, j’ai tendance à vouloir occulter les contrariétés. Et cela, ma chienne ne le tolère pas ! [Rires.] Dès qu’elle me sent, malgré moi, agacée ou attristée, elle vient se frotter contre moi, réclame des caresses et me câline, comme pour me dire : “Allez, avoue-le, ça ne va pas bien, tu as des soucis, reconnais-le.”

Elle a ce don de me ramener à la réalité de mes émotions. Et à la réalité tout court : lorsque je rejoins ma loge où elle m’attend et que je suis encore prise dans mon personnage, que je viens de recevoir des ovations, que l’on m’a félicitée – ou pas ! –, bref, lorsque je suis encore dans cet autre monde, il suffit qu’elle se plante devant moi en me regardant pour que je retombe les pieds sur terre. Je l’entends me dire : “Stop ! Tu es Agnès, je suis ta chienne, laisse tout ça, occupe-toi de ce qui compte, occupe-toi de moi.”

Si c’était une personne, ce serait sans doute quelqu’un qui ne rentre dans aucune tension, qui m’observe sans jamais me juger parce qu’elle est toujours de mon côté, mais qui, d’un simple regard, sait mieux que quiconque me renseigner sur l’important et le superflu. »

 

 

Alexis Gruss et ses chevaux

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Alexis Gruss, directeur de cirque


« Je ne dresse pas les chevaux, je les éduque. La différence ? C’est le respect, base de toute éducation digne de ce nom. Et respecter signifie s’adapter. J’ai soixante chevaux et soixante méthodes dfférentes d’éducation ; ce n’est pas au cheval de s’adapter à moi, c’est à moi de m’adapter à lui. C’est cela, respecter. C’est savoir écouter, et pas seulement avec ses oreilles : c’est voir, sentir, toucher, être présent à l’autre avec tous ses sens. Sans cela, rien ne se transmet. La parole ne suffit pas ; il faut l’alliance du mot et du geste. J’en fais l’expérience tous les jours avec les chevaux.


Ce matin encore, Domino, le pur-sang que je montais, n’est pas venu correctement à l’appel, parce que mon toucher n’était pas le bon. Mais cette vérité vaut dans toute relation de transmission. Or, notre époque l’oublie, et cela, à mon sens, explique tant de dérives dans les comportements ; quand le savoir ne passe plus que par la pensée, par le travail intellectuel et passif, il ne peut être véritablement intégré. Car la mémoire a besoin du geste, de l’effort physique, des erreurs commises... C’est la différence entre ce que propose l’enseignant, qui se sert uniquement de l’argumentation pour faire comprendre quelque chose, et le maître, qui parle moins qu’il ne montre le mouvement.


Avec le cheval, il me faut être un maître si je veux véritablement “transmettre”. Et il en devient lui aussi mon maître. Moi, je ne sais rien ou, quand je crois savoir, je m’aperçois que je ne sais rien ; on apprend uniquement dans la rencontre, c’est un mouvement sans fin. Alors, comment résumer en un mot tout ce que j’ai pu découvrir grâce aux chevaux ? Peut-être en disant qu’avec eux j’ai tout simplement appris à vivre avec les hommes. »

 

 

 

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